• De la pédagogie explicite...

    Plusieurs études révèlent que les élèves issus de milieux socio-économiquement faibles éprouvent plus de difficulté à l’école et accusent un retard scolaire plus marqué que ceux provenant de milieux mieux nantis (Coleman, 1966; Forquin, 1982; Sévigny, 2003). Trois faits saillants ont été mis en avant:

    1. Les enfants de milieux modestes sont plus souvent en retard sur le plan des apprentissages scolaires.

    2 Les inégalités observées entre les groupes de différentes classes sociales s'avèrent nettement plus élevées dans le cas des notes scolaires.

    3. A réussite égale, les chances de poursuivre des études varient selon l'origine sociale.

    Les chercheurs estiment que comme les retards scolaires à l'élémentaire semblent avoir un impact important sur le décrochage au niveau secondaire, il devient essentiel d’identifier les pratiques pédagogiques les plus susceptibles d’améliorer la performance. C’est ce que propose la méga-analyse parue dans « Revue de recherche avancée sur l’apprentissage » en 2010.

    Au total, ces 11 méta-analyses ont examiné 362 recherches publiées entre 1963 et 2006 impliquant au-delà de 30 000 élèves.

    a. Les facteurs d’influence sur les apprentissages 

    - Travaux de Wang, Heartel et Walberg

    - A permis de relever les facteurs les plus susceptibles d’aider l’élève à apprendre.

    - Méta-analyse qui identifie l’enseignant comme étant le facteur ayant le plus d’influence sur l’apprentissage des élèves (voir annexes 1 et 2). L’effet de l’enseignant devance ainsi celui de la famille, qui ne vient qu’au quatrième rang. Par ailleurs, les deux facteurs qui se situent en tête de liste sont la gestion de classe et les processus métacognitifs.

     

    b. Le projet Follow through 

    - Plus vaste expérimentation à grande échelle jamais effectuée dans le domaine de l’éducation en Occident (Slavin, 2002). Public concerné: enfants de la maternelle et 3 premières années de primaire, 70 000 élèves sur 10 ans.

    - But:  comparer et d’analyser l’efficacité d’une vingtaine d’approches pédagogiques appliquées auprès d’élèves provenant de milieux socio-économiques défavorisés. 

    - Résultat: que ce soit en habilités de base (lecture, écriture, maths, vocabulaire), cognitives (raisonnement non verbal, résolution de problèmes) ou affectives (estime et image de soi), le direct instruction est le seul obtenant des résultats positifs dans ces 3 domaines. 

    Le direct instruction ou enseignement explicite consiste à enseigner explicitement aux élèves une démarche d'apprentissage. De fait, les connaissances que les élèves acquièrent à l'école contribuent au développement de leurs habiletés cognitive, tandis que les succès qu's vivent en classe augmentent leur estime d'eux mêmes à partir de laquelle se construisent les habiletés affectives. Ainsi tout est lié!

    - Effet sur la motivation: il existe deux types de motivation: l'intrinsèque  et l'extrinsèque; la première étant la plus importante, la seconde étant celle de la carotte. Il ne faut pas surtout pas oublier que le véritable moteur de la motivation intrinsèque est le succès, la réussite. Ainsi, en réussissant, les élèves seraient plus investis car plus motivés. 

     

    La pédagogie explicite n'est pas un enseignement traditionnel. 

    Au cours de mes différentes recherches sur la pédagogie explicite, j'ai pu lire que celle-ci constituait un retour en arrière, qu'il s'agissait tout bonnement d'un retour de l'enseignement traditionnel. Au début, je vous avouerai que j'ai eu également ce sentiment. Mais en fait pas du tout!!!!

    Pourquoi cette confusion? 

    C'est simple: on confond trop rapidement la présentation magistrale de l'enseignement traditionnel où le maître parle, parle et parle encore au modelage de la pédagogie explicite. De la même façon, on assimile la phase de pratique autonome de la péda explicite à celle d'exercisation de la péda traditionnelle.

    Quelles différences alors? 

    La pédagogie explicite n'a pourtant rien à voir avec l'enseignement traditionnel même si sa forme apparente est trompeuse. 

    1. Modelage VS transmission: au cours du modelage, l'enseignant détenteur du savoir ne fait pas que transmettre celui-ci comme en péda traditionnel. Cela va au-delà: l'enseignant décrit en fait tous ses processus mentaux qui lui permet de réussir / comprendre la nouvelle notion. En expliquant ces processus, il donne accès aux élèves à la métacognition: "Voilà comment je fais pour...", "Voilà ce que je me dis pour ....". Avec le contrôle de la compréhension, la péda explicite vise ainsi la compréhension de la notion mais aussi son maintien en mémoire. On y retrouve en fait pas mal le principe de gestion mentale. Je reviendrai dans un prochain point sur les similitudes entre les deux approches. 

    2. La pratique guidée: voici l'étape qui est totalement absente de la péda traditionnelle et qui marque bien la différence entre les deux. Au cours de cette étape, l'enseignant accompagne les élèves et appréhende le degré de compréhension des élèves. Cette étape se différencie de la péda traditionnelle dans sa mise en oeuvre: les élèves travaillent par deux (petit clin d'oeil au socio-constructivisme) ou seul. L'enseignant passe dans les binômes, interroge, note les difficultés. Il peut alors créer des groupes de besoin pour un travail en ateliers.Les élèves dont la compréhension est encore fragile restent en pratique guidée pendant que les autres glissent progressivement vers la pratique autonome. Ce travail en petits groupes est un moment essentiel de la péda explicite. Il a en effet été prouvé que le travail en petits groupes qui facilite le questionnement de l'enseignant a un impact important

    3. Questionnement et feed-back: ces deux éléments sont des composants essentiels et incontournables de la péda explicites. Ils sont présents à la fois lors de la première phase (le modelage) avec le contrôle de la compréhension, lors de la deuxième phase (la pratique guidée) au cours de laquelle l'enseignant revient avec les élèves sur leur travail, le processus mis en oeuvre mais aussi lors de la dernière phase, au moment de l'objectivation de la notion (on retrouve d'ailleurs ici un point commun avec la gestion mentale si on le pousse un peu plus loin).

    Ainsi, contrairement à cette image de péda traditionnelle, l'enseignement explicite s'occupe à la fois d'activer ou de présenter de façon claire et structurer (avec segmentation de la tâche globale en petites séquences) l'information et d'accompagner les élèves vers une maîtrise progressive. 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :